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Quand il faut parler d’argent

Pour promouvoir la liberté financière des femmes, deux expertes partagent trucs et conseils avec Premières en affaires, de l’élaboration du budget au choix du conseiller financier en passant par le délicat équilibre entre conjoints. On prend des notes.

Catherine Patenaude, planificatrice financière et leader Centre d’expérience client à la Banque Nationale, souligne à grands traits l’importance de s’investir dans la gestion des finances. « Si on ne s’implique pas, on risque de perdre en autonomie financière. Ça peut aussi générer des inégalités entre les partenaires, et avoir un impact réel sur la valeur du patrimoine », insiste-t-elle. La spécialiste rappelle en outre que l’espérance de vie des femmes est plus longue que celle des hommes. « Ça veut dire que les femmes vont devoir subvenir à leurs besoins plus longtemps une fois qu’elles seront à la retraite. Une meilleure préparation est nécessaire si on veut être en mesure de réaliser nos rêves jusqu’à la fin. »

Parler d’argent, ça s’apprend

En termes de sujets de conversation romantiques, l’argent se retrouve probablement en queue de peloton, tout juste devant les problèmes de plomberie. Mais on a tout à gagner à discuter de nos finances avec notre douce moitié. Avec notre famille aussi, d’ailleurs.  Émilie Boudreault, planificatrice financière, représentante en épargne collective et conseillère en sécurité financière chez IG Gestion de patrimoine, suggère de ne pas amorcer la discussion sans un minimum de préparation. « Il faut attendre le bon moment. Si seulement l’un des deux est disposé à le faire, ça va créer des tensions. Je conseille de déterminer une date et de se retrouver avec chacun notre bilan ou notre budget en main. » On évite aussi ce qui est émotif en se concentrant sur les faits et on consulte au besoin un planificateur financier ou un médiateur.

Peu importe le nombre d’années passées ensemble ou le nombre d’enfants, il n’y a pas d’obligations entre conjoints de fait en cas de séparation.

Aimer en comptant

Aimer sans compter peut sembler romantique, mais les répercussions des enjeux financiers peuvent être grandes. « Si on délègue la gestion à notre partenaire, on peut avoir de mauvaises surprises », prévient Catherine Patenaude. Celle-ci a vu défiler plus d’une femme dans son bureau qui, lors du décès du conjoint, a appris que des problèmes de jeu ou d’autre nature venaient se répercuter sur la succession. La planificatrice financière rappelle que peu importe le nombre d’années passées ensemble ou le nombre d’enfants, il n’y a pas d’obligations entre conjoints de fait en cas de séparation. « Rien n’est prévu à cet effet dans le Code civil : pas de notion de patrimoine, pas de pension alimentaire. Ça veut dire que la personne qui a moins d’argent ou qui a sacrifié sa carrière pour s’occuper de la famille n’aura pas d’aide financière de la part de son ex-conjoint. » D’où l’importance de rédiger un contrat de vie commune (et de ne pas attendre quand ça va mal pour le faire). L’accord peut prévoir un éventail de modalités, comme le partage des biens communs.

Le budget, un incontournable

Les deux expertes sont catégoriques : pour prendre ses finances en main, on n’échappe pas à la nécessité de l’élaboration d’un budget. « On doit commencer par savoir combien on a d’argent, ce qu’on veut faire avec, déterminer nos objectifs et nos projets. Il faut établir la base », résume Emilie Boudreault. Si on voit les finances personnelles comme une montagne insurmontable, mieux vaut se faire accompagner.  « Trouver quelqu’un de confiance est déjà une bonne étape, surtout si on n’a peu de connaissances », estime Emilie Boudreault. Cette planificatrice d’expérience suggère de demander des références à l’entourage et de prendre le temps de choisir un conseiller financier qui parle le même langage. « Il faut arrêter de penser que la finance ne concerne qu’une tranche de la population. C’est pour tout le monde. » Catherine Patenaude conseille d’abord de définir son profil d’investisseur. « On considère le revenu, la situation familiale, l’horizon de temps du projet et le tempérament d’investisseur. » Ce dernier élément est particulièrement important, selon elle. « Plus on choisit un placement risqué, plus on peut s’exposer à un meilleur rendement. Mais si on ne dort pas la nuit quand les marchés sont incertains, on risque de vendre au mauvais moment. »

« Il faut arrêter de penser que la finance ne concerne qu’une tranche de la population. C’est pour tout le monde. » – Emilie Boudreault

Naviguer

Pour tirer le maximum de nos investissements, il n’y a pas de secret. Il faut investir le plus tôt possible. « Même avec de petits montants et l’effet de la Bourse, les investissements faits entre 20 et 30 ans sont très rentables, grâce à la magie des intérêts composés. Il ne faut pas attendre. Aussitôt qu’on a un surplus, on devrait l’investir », croit Émilie Boudreault. Les prélèvements automatiques permettent de prendre de bonnes habitudes sans avoir l’impression de tout sacrifier. « L’idée, c’est qu’à chaque paie ou une fois par mois, un montant de notre compte s’en va automatiquement dans nos investissements. Ça fait une grosse, grosse différence sur le long terme », assure Catherine Patenaude. Inflation, hausse des taux d’intérêt et possible récession : on traverse depuis plusieurs mois une période de turbulences, qui perdure. « Si on s’est créé un fonds d’urgence, un montant facilement accessible qui représente environ six mois de dépenses, on peut puiser là-dedans quand on est plus serré, » estime Catherine Patenaude. Il faut revoir ses priorités, renchérit Emilie Boudreault. « Pendant la pandémie, les gens se posaient moins de questions. Sans voyages, le reste semblait accessible. Maintenant, tout coûte plus cher. Il y a des choix à faire, mais continuer d’épargner est un must. »

Article publié par Premières en affaires.